Après un mandat largement critiqué à la tête de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Frantz Elbé entame un nouveau chapitre de sa carrière dans le domaine diplomatique. Cette semaine, l’ancien Directeur Général de la PNH a officiellement pris ses fonctions comme représentant d’Haïti auprès de la Junte interaméricaine de la défense, un organe technique intégré à l’Organisation des États Américains (OEA).
Cette structure régionale a pour mission principale de renforcer la coopération en matière de sécurité entre les pays du continent américain. La nomination de Frantz Elbé survient à un moment stratégique, alors que des discussions sont en cours sur la possibilité que l’OEA prenne le commandement de la force multinationale prévue pour appuyer la stabilisation d’Haïti.
Si l’OEA devait effectivement assumer la direction de cette mission, Frantz Elbé se retrouverait au cœur des mécanismes de coordination sécuritaire hémisphérique. Un positionnement central qui suscite déjà des interrogations au regard de son bilan à la PNH. Sous son administration, de larges portions du territoire haïtien sont passées sous le contrôle de groupes armés, suscitant une vive inquiétude au sein de la population et de la communauté internationale.
Critiqué pour son incapacité à enrayer l’emprise croissante des gangs, le passage de Frantz Elbé à la tête de la PNH a été marqué par une perte de confiance, tant au sein de la population que dans certains cercles politiques. Sa nomination à ce nouveau poste, perçue par certains comme une forme de promotion diplomatique malgré son échec opérationnel, risque de relancer le débat sur la gestion de la crise sécuritaire haïtienne et les choix de gouvernance en période de turbulences.
Reste à savoir si cette nouvelle responsabilité permettra à Frantz Elbé de redorer son image et de contribuer efficacement à la recherche de solutions régionales pour la sécurité d’Haïti.
[Luckson Pierre]