Une vague de violence inédite continue de secouer la capitale haïtienne, mettant en lumière la perte totale de contrôle de l’État sur des zones entières de Port-au-Prince. Ce mercredi, un affrontement sanglant a opposé des membres de la brigade communautaire de Kanapé-Vè au gang tristement célèbre “Viv Ansanm”, dans la zone de Pako. Le bilan est macabre : plusieurs policiers et membres de la brigade ont été tués, certains décapités.
Des images choquantes diffusées sur les réseaux sociaux montrent les assaillants lourdement armés paradant sur un véhicule, leurs visages masqués, célébrant leur attaque au milieu d’une foule impuissante. D’autres clichés témoignent de cadavres ensanglantés abandonnés dans les rues, sous le regard de civils sidérés.
Des captures d’écrans circulent également, montrant un vaste réseau de caméras de surveillance, prétendument installé par des groupes armés dans ce qu’ils appellent “izo vilaj”. Ce système de vidéosurveillance couvrirait plusieurs quartiers stratégiques de la capitale, permettant aux gangs de contrôler chaque coin de rue, chaque déplacement, chaque cible.
« Si w ap viv nan Pòtoprens ou pa mouri lè w pran lari, se Bondye kap siveye w », a résumé un internaute haïtien, exprimant l’angoisse collective des citadins.
Cette situation soulève des questions cruciales sur la capacité des autorités haïtiennes à rétablir l’ordre, protéger les citoyens et réaffirmer leur souveraineté territoriale. Pendant que les gangs imposent leur loi, les habitants vivent dans la peur constante, soumis à une violence quotidienne comparable à celle de zones de guerre.
Les scènes vécues le 23 avril s’inscrivent dans un contexte d’escalade généralisée, où la frontière entre insécurité urbaine et conflit armé s’efface dangereusement. Plus que jamais, Haïti semble abandonnée à elle-même.
Face à cette réalité brutale, la société civile, la diaspora et les voix de la jeunesse multiplient les appels à la mobilisation. Car au-delà des statistiques et des vidéos virales, ce sont des vies humaines qui sont brisées, des familles détruites, et une nation entière qui continue de sombrer.