Alors que des milliers de familles ont fui Delmas 30, Nazon et d’autres quartiers ravagés par les affrontements, une bataille des mots s’engage.
- Viv Ansanm, coalition criminelle responsable du chaos, invite discrètement les habitants à « rentrer chez eux ».
- La Police nationale d’Haïti (PNH), de son côté, met en garde : il s’agit d’un piège, une manœuvre pour se protéger et échapper aux opérations de sécurité.
La stratégie des gangs : un retour sous contrôle
Les premiers messages attribués à Viv Ansanm suggèrent que la population déplacée pourrait réintégrer ses maisons. Derrière ce discours se cache une logique claire : se servir des habitants comme couverture humaine.
En favorisant le retour des familles, les gangs cherchent à créer un environnement où la police hésitera à intervenir, de peur de provoquer des victimes civiles. C’est une tactique classique de guerre asymétrique, où le bouclier humain devient une arme de survie.
La réponse ferme de la PNH
Dans une vidéo officielle d’environ deux minutes, la PNH a rejeté catégoriquement cet appel.
« Frize pa janm renmen koukou ! Pa pran nan pyèj sa a », prévient la communication de l’institution.
Selon elle, les gangs veulent « fè popilasyon an sèvi kòm boukliye, kòm dra ». La police appelle les habitants à patienter et garantit que le retour ne pourra se faire que dans des conditions de sécurité garanties par l’État.
« Lè pou nou tounen lakay nou, se Lapolis ak gouvènman an kap akonpanye nou (…) Jou sa pa lwen », promet l’institution.
Deux discours, deux logiques
- Viv Ansanm veut montrer qu’il contrôle toujours le territoire, au point de décider qui peut y revenir. C’est une manière d’affirmer sa légitimité face à l’État.
- La PNH, au contraire, insiste pour garder l’initiative, rappelant que seule l’institution publique peut garantir un retour digne et sécurisé.
C’est donc une guerre de communication, où chaque camp tente de convaincre la population de lui faire confiance.
Les habitants pris au piège
Entre l’appel des gangs et l’avertissement de la police, la population déplacée reste dans l’incertitude. Fatiguées de vivre dans des abris précaires, certaines familles sont tentées de rentrer malgré les risques. Mais le danger est réel : revenir trop tôt pourrait signifier vivre sous la coupe des gangs, sans protection de l’État.
Conclusion : un État défié sur son propre terrain
Cette confrontation démontre que la bataille pour Port-au-Prince ne se joue pas seulement avec des armes, mais aussi avec des messages destinés à manipuler la population. Tant que l’État ne reprend pas effectivement le contrôle du territoire, les gangs continueront d’imposer leur agenda — par la violence sur le terrain et par la communication dans les esprits.
























