Haïti, autrefois surnommée la perle des Antilles, est aujourd’hui otage d’une réalité brutale : la loi des gangs s’est imposée là où l’État a failli. Dans la capitale, Port-au-Prince, et bien au-delà, des groupes armés règnent en maîtres, imposant leur propre ordre, semant la terreur et défiant ouvertement les autorités.
Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il a atteint une ampleur sans précédent. Aujourd’hui, plus de 80 % de la capitale est sous le contrôle de ces factions criminelles. Meurtres, kidnappings, viols, extorsions : la population haïtienne vit dans une insécurité permanente, prisonnière d’une spirale de violence qui ne semble connaître aucune limite.
Le plus alarmant dans cette situation est l’effondrement total de l’État face à cette crise. La police, en sous-effectif et sous-équipée, peine à contenir l’avancée des gangs, tandis que les autorités politiques multiplient les discours sans apporter de solutions concrètes. L’absence de gouvernance et la faiblesse des institutions judiciaires ont permis à ces groupes armés de prospérer, s’organisant en véritables cartels qui contrôlent non seulement des territoires, mais aussi des pans entiers de l’économie informelle.
Face à cette catastrophe, la communauté internationale reste divisée entre l’urgence d’une intervention et la peur d’une nouvelle ingérence inefficace. Pendant ce temps, le peuple haïtien endure l’inacceptable : vivre sous la domination de criminels qui dictent leur loi, dans un pays où l’État a cessé d’exister autrement que sur le papier.
L’heure est venue d’une réponse forte, à la hauteur du défi. Haïti ne pourra se relever sans une véritable volonté politique, sans une réforme en profondeur de ses institutions, et sans une lutte implacable contre l’impunité. Mais surtout, il est urgent que la population, qui aspire à la paix et à la dignité, ne soit plus abandonnée à son sort. Car un pays livré aux gangs est un pays condamné à la violence perpétuelle, incapable de rêver à un avenir meilleur.

