Éditorial : Haïti face à l’ombre persistante de l’assassinat de Jovenel Moïse
Le 7 juillet 2021, Haïti basculait dans une nouvelle ère d’incertitude avec l’assassinat brutal du président Jovenel Moïse dans sa résidence privée. Cet acte d’une violence inouïe, perpétré par un commando armé, a marqué non seulement la fin tragique d’un chef d’État, mais aussi l’effondrement d’un système déjà fragilisé par des crises politiques, économiques et sociales récurrentes.
Près de quatre ans plus tard, l’ombre de cet assassinat plane toujours sur la nation haïtienne. L’enquête, aussi complexe que controversée, a révélé un vaste réseau de conspirateurs impliquant des mercenaires étrangers, des hommes d’affaires, des responsables politiques et des figures de la sécurité nationale. Pourtant, malgré les nombreuses arrestations et les accusations portées aux États-Unis, la justice haïtienne peine encore à faire toute la lumière sur cette affaire, alimentant les doutes et la méfiance au sein de la population.
Mais au-delà des responsables directs, la mort de Jovenel Moïse symbolise un mal bien plus profond : l’effondrement de l’État haïtien. La violence des gangs, devenue incontrôlable, a pris une ampleur sans précédent, plongeant le pays dans un chaos sécuritaire qui rend presque illusoire l’idée d’un retour à la stabilité à court terme. L’impunité qui entoure cet assassinat n’est que le reflet d’une justice en lambeaux, où l’incapacité des institutions à fonctionner alimente un cercle vicieux de désordre et de peur.
La disparition tragique de Jovenel Moïse ne doit pas être réduite à un simple épisode sanglant de l’histoire haïtienne. Elle doit être le point de départ d’une réflexion profonde sur l’avenir du pays. Il est impératif que la justice aboutisse, non seulement pour rendre hommage à la mémoire du président assassiné, mais aussi pour restaurer un minimum de confiance dans l’État et ses institutions.
L’issue de cette affaire ne changera pas à elle seule le destin d’Haïti. Mais tant que l’ombre de cette tragédie continuera de planer sans réponse claire, la nation restera prisonnière d’un passé douloureux, incapable de bâtir un avenir plus juste et plus sûr pour son peuple.

