Éditorial : Haïti en perdition – Quand l’éducation meurt et les gangs règnent
Alors que Port-au-Prince sombre dans la violence, la catastrophe se dessine pour l’avenir du pays. La majorité des écoles de la capitale sont désormais fermées, victimes directes de l’insécurité générée par des gangs qui contrôlent plus de 80 % du territoire urbain. Dans un contexte où l’éducation se meurt, la jeunesse haïtienne est condamnée à un avenir incertain, pendant qu’un petit groupe de neuf personnes dirige un pays en déliquescence.
L’extinction progressive des établissements scolaires n’est pas qu’un chiffre ou une statistique : c’est la fin d’un espoir. Dans un pays où l’accès à une éducation de qualité est déjà un luxe, la fermeture massive des écoles par crainte des violences perpétrées par des groupes armés laisse entrevoir une spirale infernale. Une population privée d’instruction est une population vouée à l’échec, incapable de briser le cycle de la pauvreté et de la désillusion.
Aujourd’hui, plus de 80 % de Port-au-Prince est sous le joug de gangs qui, par la violence et l’intimidation, imposent leur loi. Cette réalité dramatique n’est pas seulement le symptôme d’un État défaillant, elle en est aussi le principal moteur. Dans un environnement où la peur prime, les citoyens se retrouvent piégés, incapables de s’exprimer ou de résister face à l’oppression. Le contrôle des espaces urbains par ces groupes criminels représente un défi colossal pour toute tentative de relance économique et sociale.
Pendant que les écoles ferment leurs portes et que la violence gangrène la capitale, Haïti est dirigée par une poignée – neuf personnes – qui semblent déconnectées de la réalité du terrain. Cette gouvernance oligarchique ne fait qu’aggraver la situation. Au lieu de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et de l’analphabétisme, ces dirigeants se contentent de maintenir un statu quo qui perpétue la marginalisation et la misère de la majorité. Une élite au pouvoir, loin des préoccupations quotidiennes du peuple, contribue à la détérioration d’un pays déjà en proie au chaos.
Le constat est sans appel : une nation dont l’éducation est en berne et qui laisse ses quartiers tomber aux mains des gangs n’a plus d’avenir. L’absence de perspectives pour les jeunes, combinée à une gouvernance déconnectée, annonce une descente aux enfers qui risque de plonger Haïti dans une crise sans précédent. La privation d’éducation, élément essentiel à toute émancipation, n’est pas seulement une perte individuelle mais un échec collectif qui fragilise l’ensemble de la société.
Il est urgent que la communauté internationale, les acteurs nationaux et la société civile se mobilisent pour mettre fin à cette dérive. Haïti mérite un renouveau fondé sur l’éducation, la sécurité et une gouvernance véritablement démocratique. Tant que les écoles resteront fermées et que les gangs continueront de régner, l’espoir d’un avenir meilleur restera un rêve lointain pour des millions de citoyens laissés pour compte.