les gangs ne se contentent plus de semer la terreur dans les rues : ils la mettent désormais en scène sur les réseaux sociaux. Entre vidéos de pillages, photos de cadavres, chefs armés paradant dans des quartiers désertés et crânes humains exhibés comme trophées, la barbarie s’expose sans filtre au grand public.
Ces contenus, souvent relayés massivement sur TikTok, Facebook ou WhatsApp, participent à une stratégie de communication qui vise à inspirer la peur, asseoir un pouvoir symbolique et ridiculiser l’absence d’État. Dans un pays où les institutions sont affaiblies et les forces de l’ordre débordées, cette violence virale remplace peu à peu les bulletins d’information traditionnels.
Un silence assourdissant des autorités
Alors que l’horreur s’invite sur les écrans des citoyens haïtiens chaque jour, le mutisme des autorités choque. Aucun communiqué officiel pour condamner ces actes. Aucun plan de riposte annoncé pour freiner cette propagande criminelle. Face à cette escalade, l’État semble impuissant, voire absent.
« Ce n’est plus simplement de la violence armée, c’est une guerre psychologique », dénonce un sociologue interrogé par ALTV. « Et le plus grave, c’est que les gangs sont devenus les seuls narrateurs de leur propre cruauté. »
Quand la peur devient spectacle
Pour nombre d’observateurs, cette tendance marque un tournant dans la crise haïtienne. La terreur ne se vit plus uniquement sur le terrain, elle se regarde, se partage, se commente. Elle devient virale. Elle devient spectacle.
Pendant ce temps, la population, elle, continue de fuir, de survivre, et de se taire. Et l’État, lui, continue de disparaître derrière l’écran.
|LUCKSON PIERRE