Port-au-Prince, 7 avril 2025 – Quatre années après l’assassinat brutal du président Jovenel Moïse dans sa résidence privée à Pèlerin 5, les Haïtiens continuent de réclamer justice. Le 7 juillet 2021, des hommes armés ont fait irruption dans la demeure présidentielle et ont abattu le chef de l’État, blessant grièvement son épouse, Martine Moïse. Depuis, l’enquête progresse lentement, entre zones d’ombre, pressions politiques et révélations troublantes.
Des inculpations retentissantes… en Haïti comme à l’étranger
La justice haïtienne a franchi une étape décisive en février 2024, lorsque la veuve de l’ancien président, Martine Moïse, ainsi que l’ex-Premier ministre Claude Joseph, ont été inculpés pour association de malfaiteurs et complicité d’assassinat. Le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire a même ordonné leur arrestation – une décision qui a provoqué autant de stupeur que de scepticisme dans la population.
Parallèlement, plusieurs procès se sont tenus aux États-Unis, notamment à Miami, où plusieurs accusés ont été condamnés. Parmi eux :
- John Joël Joseph, ex-sénateur haïtien, reconnu coupable de conspiration.
- Rodolphe Jaar, homme d’affaires haïtien, condamné à la prison à vie.
- Germán Rivera, ancien militaire colombien, également incarcéré à vie.
Des zones d’ombre persistantes
Malgré ces avancées, des questions fondamentales demeurent : Qui a financé le complot ? Quels intérêts politiques ou économiques étaient en jeu ? Pourquoi tant de lenteur et d’opacité dans le processus judiciaire en Haïti ?
Joseph Félix Badio, considéré comme un cerveau du complot, a nié toute implication lors de sa comparution en février 2025. Son arrestation, longtemps retardée, a renforcé le sentiment que certains bénéficient de protections en haut lieu.
Colère et frustration dans la population
Pour les citoyens haïtiens, la justice tarde à venir. Les commémorations de ce 7 avril sont marquées par la colère et l’amertume. « Jistis pou Jovenel », devenu un cri de ralliement, résonne sur les réseaux sociaux et dans les rues de la capitale.
Le fils du président défunt, Joverlein Moïse, a dénoncé en janvier dernier la possibilité que les mercenaires colombiens arrêtés soient libérés, qualifiant cette hypothèse d’insulte à la mémoire de son père.
Une nation toujours en crise
L’assassinat de Jovenel Moïse a ouvert une période de grande instabilité. L’absence d’élections, la montée en puissance des gangs, et l’inefficacité des institutions continuent de plonger le pays dans une crise profonde.
En ce 7 avril 2025, le peuple haïtien ne réclame pas seulement justice pour Jovenel Moïse, mais aussi pour une nation entière meurtrie et trahie.